La rando bleue du jour, une boucle de 14 km et +450m passant par la colline des garrigues, la chapelle Saint-Michel-de-la Baume au dessus du village de Lumières. Sur la ligne de départ 28 bipèdes, avec ou sans bâtons (quelques nouveaux), un quadrupède bien éduqué par son maître, et conduisant la troupe un fringant et volubile animateur bénévole, JMR.
Un temps idéal de début d’automne pour découvrir ou redécouvrir le village de Goult, dans le parc naturel régional du Luberon.
Un peu de Géographie et d’Histoire
Au nord du territoire de la commune se trouvent les Monts de Vaucluse avec les villages de Gordes et Saint-Pantaléon. À l'est, les villages de Roussillon et Gargas, et au sud, en direction de la montagne du Luberon, les villages de Bonnieux, Lacoste et Ménerbes.
Le village est perché sur une colline, un château et un moulin reconstitué peuvent être aperçus au sommet.
Sur le territoire de Goult : le hameau de Lumières, le hameau de Saint Véran sont les deux principaux.
Le village de Goult domine les vallées du Calavon et du Limergue. Restauré dans l’amour des vieilles pierres, le village offre de belles demeures aux façades de pierre et d'ocre. Ruelles, passages voûtés, arcades et porches anciens guident les pas des visiteurs vers de belles places à l’ombre de micocouliers centenaires.
Goult a une riche histoire remontant au Néolithique, avec une présence humaine et la découverte de vestiges d'outils en pierre et un fragment de stèle anthropomorphe.
Le Dolmen de l’Ubac, découvert sur la rive gauche du Calavon, est le second dolmen du département de Vaucluse.
L'Antiquité n'est pas en reste, avec la découverte de vestiges gallo-romains, dont un autel dédié aux Nymphes et à Sylvain ainsi que diverses urnes, poteries et objets en verre. Il est fort probable qu'une villa romaine ait existé sur ce site.
Au Moyen-Âge le premier seigneur de Goult, Guillaume Agoldi, s'établit sur des terres héritées de son arrière-grand-père. Il adopte comme patronyme le nom de son fief et construit un sanctuaire à Saint-Michel, mentionné dans une bulle du pontife Grégoire VII. Le 12ème siècle voit la construction de l'église Saint-Pierre et le 13ème celle du château de Babilony. Le village, autrefois appelé Agoldo, devient Agouto au 14ème siècle.
Au cours des 15ème et 16ème siècles, la seigneurie de Goult passe entre plusieurs familles d'aristocrates, et le village connaît une période de rivalité religieuse intense, se trouvant en pleine zone de conflit entre Hérétiques et Réformés. Le village change de nom au 16ème siècle, Agoult devient Goult.
Au 18ème siècle, Goult est surtout connu pour ses faïenceries. Le château de Maricamp sert de résidence seigneuriale.
L'épisode majeur du 19ème siècle est l'insurrection des Républicains du Luberon et du Pays d'Apt en 1851, en réaction au coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte.
Au fil du 20ème siècle, la population du village reste stable, passant de 1017 habitants en 1946 à 1142 habitants en 2013, 1069 en 2023.
Situé à deux kilomètres en contrebas du village de Goult, le hameau de Lumières est un lieu de pèlerinage renommé, abritant un sanctuaire et une chapelle du XVIIe siècle.
En 1664, une apparition de lumières miraculeuses, qui ont guéri un homme souffrant d'une éventration, a suscité l'intérêt de l'ordre religieux des Carmes pour ce lieu. En 1699, un sanctuaire dédié à Notre-Dame de l'Éternelle Lumière fut érigé à la base du village par Jean-Baptiste de Sade, évêque de Cavaillon.
De nos jours, ce sanctuaire est plus communément appelé Notre-Dame de Lumières. Chaque année, le 15 août, une procession mène une statue vénérable de la Vierge Noire jusqu'à Saint-Michel de la Baume.
Notre rando commence par la traversée du village depuis l’église Saint Sébastien datant du 12e siècle et dont le clocher est surmonté d’un campanile en fer forgé.
Nous passons devant l’imposant château du 13e érigé par la famille d’Agoult, puis qui a connu des transformations importantes au cours des siècles, aujourd’hui propriété privée.
Jadis, le village était sécurisé par une enceinte fortifiée et des fossés, dont ceux de la partie septentrionale, creusés même dans le rocher, sont encore visibles de nos jours. Les anciens remparts, véritable patrimoine architectural, s’ouvraient par des poternes et trois majestueuses portes à herse, qui ont été remaniées avec goût et attention aux XVe et XVIe siècles.
Nous arrivons devant le moulin de Jérusalem, dont la présence est attestée dès 1750 sur le cadastre de Cassini, où il est identifié sous le nom de Tré Casteau, signifiant "hors du château". Au fil du temps, le moulin a emprunté le nom du quartier environnant, appelé Jérusalem, en hommage aux croisades dans lesquelles les seigneurs d'Agoult ont fièrement combattu.
Grâce aux efforts de l'APARE, l'Association pour la Participation et l'Action Régionale, ce moulin a été soigneusement restauré et conserve à ce jour son charme d'antan. Le panorama sur la vallée du Calavon est à couper le souffle.
Nous reprenons notre souffle pour poursuivre par le chemin empierré de la Carredone descendant vers un site paysager restauré par l’Apare, le Conservatoire des Terrasses de culture.
Le paysage est dominé par des terrasses, connues en provençal sous les noms de "restanques" ou "bancau", qui s'étirent dans un amphithéâtre naturel, à l'abri du mistral et des gelées hivernales grâce à son orientation plein sud. Autrefois, elles complétaient la production des terres plus fertiles de la plaine, que leurs conditions de basses terres rendaient propices aux inondations.
Le site témoigne de l'utilisation optimisée de la pierre sèche, avec la présence de clapiers, bories, murets, escaliers volants, citernes et abris à ruches. Le travail en terrasses conjugue habilement trois éléments clés : l'eau, la terre, et la pierre.
Enfin, la pierre, retirée du sol, laisse place à une terre arable et devient le matériau de base de constructions typiques, assemblées grâce à des techniques simples de maçonnerie en pierre sèche.
L'eau est captée et stockée dans des citernes grâce à la construction d'aiguiers, fournissant ainsi une réserve précieuse pour la période sèche. La terre, en s'accumulant, enrichit, amende et nourrit les sols.
Direction le plateau de Mange-Tian par une montée abrupte et de hautes marches de pierre, à mi-pente une esplanade au pied d’un vaste abri sous roche, dont l’occupation par l’Homme remonte à la préhistoire. Les lieux ont été sacralisés à l’époque moderne par deux monuments : une petite chapelle funéraire, du XVIIe s., construite sous la Baume, à l’invocation de Saint-Michel et une statue de Marie-Madeleine. La chapelle Saint Michel de la Baume est un lieu de pèlerinage, où la statue d’une Vierge Noire est chaque année montée en procession. Bâtie au XIXe siècle, elle contient une grande quantité d’ex-voto.
La légende raconte qu’en 1661, un vieil homme vit sortir des ruines une procession de lumières partant de Saint Michel de la Baume, et se rendant à Notre Dame de Lumières. Le prodige se renouvela plusieurs fois. Quelque temps plus tard, un berger découvrit dans un buisson une statue de bois très sombre. Un pèlerinage à la Vierge Noire fut alors institué.
A proximité de la chapelle, on peut admirer la statue de Marie-Madeleine, auprès du corps du Christ, qui est placée tout au fond de l’abri sous roche. Elle a été protégée par une solide grille scellée à la roche. Cette précaution aurait été inutile autrefois, le vol de la statue étant un sacrilège qui aurait valu à son auteur les foudres divines.
La rude montée vers le plateau se poursuit et nous arrivons sur un chemin bordé d’une multitude de murets en pierres typiques de la région et des vestiges d’habitations.
Le nom de Mange-Tian pour ce lieu nous intrigue, le tian est à la fois un ustensile culinaire et un plat typique de la cuisine provençale, une terrine à base de légumes cuits au four.
Après la pause pique-nique de midi et les desserts offerts à profusion, nous amorçons le retour vers Goult en longeant des vignobles, en chemin halte devant une belle restauration d’habitation troglodyte sous un surplomb de rocher.
Visite complémentaire du village au lavoir. Rendez-vous est pris au mardi suivant avec le retour à l’animation de Michel Hernandez.