Jean-Marc a animé cette belle rando rouge grenat pour 27 adhérents qui se sont bien réchauffés sur une boucle de 22 km500 et 850 m (il faisait -3° au départ). Rendez-vous réussi avec le groupe de Nicole Reinert pourun picnic en commun à midi, dans une église ou chapelle ruinée.
Origine du nom Malemort
Au temps de la présence romaine et au début de la chrétienté, le village se nommait CALVIAS. A une époque difficile à préciser il est devenu MALEMORT (un texte du Xlle siècle mentionne pour la 1ère fois la « paroisse de Malemortis »), puis il s’est appelé MALEMORT LES FONTAINES, et enfin, MALEMORT DU COMTAT – en provençal « Malomort doù coumtat » (pour le différencier de Mallemort en Provence, dans les Bouches du Rhône).
L’origine la plus couramment admise du nom de Malemort est «mauvaise mort » suite à l’extermination de la population du village par les troupes franques de Charles Martel.
Explication : l’invasion sarrasine (725-740) s’était traduite par une occupation de courte durée, mais elle a laissé des traces durables dans la mémoire collective. Il semble en effet que les Provençaux étaient plutôt favorables aux occupants, les «Sarrasins », qui avaient respecté leurs institutions ancestrales. La répression franque menée par le célèbre Charles Martel, fut brutale. La légende veut qu’une bataille ait eu lieu en 739 à Malemort (qui se nommait encore « Calvias » à l’époque), bataille qui aboutit à un massacre dont ne furent sauvés qu’une vieille femme et son coq. D’où la figure du coq dans le blason du village et sa devise: «ortus a morte » (né de la mort).
Portail de la République
L’ensemble architectural connu par les Malemortais sous le nom de « place de la République » accueille le visiteur entrant dans le village par la route de Carpentras. Il a fait l’objet d’une inscription à l’inventaire des monuments historique et sites par arrêté du 28 octobre 1949. Cet ensemble donne une impression d’unité mais se compose en réalité de bâtiments ou monuments de diverses époques. La Grande porte qui donne accès à Malemort « intra-muros » est un des derniers vestiges des remparts élevés au 12ème siècle qui ceinturaient jadis le village. Mais elle est surmontée d’un fronton qui date de 1989 – l’année du bicentenaire. Un ébéniste du village, Albert TESTON, a réalisé un ensemble en demi-cercle de panneaux de frêne assemblés et vernis, orné d’une « Marianne » sculptée dans la masse, ainsi qu’une réplique de la statue de Notre-Dame de Calvias qui se trouve de l’autre côté du Portail.
Le lavoir date de 1771. Il était approvisionné par des sources locales et les eaux non utilisées pour le lavage du linge se déversaient dans un bassin de capacité plus modeste. Lorsque ce dernier était plein, seuls les habitants du voisinage qui s’étaient inscrits à la Mairie et qui cotisaient « pour un tour de rôle » pouvaient le déboucher afin de diriger l’eau dans certaines canalisations prévues pour l’arrosage de leur jardin.
La fontaine de la République qui trône au centre de la place date de 1787, époque à laquelle elle en a remplacé une aménagée en 1685, elle-même faisant suite à une plus ancienne. La fontaine actuelle est ornée de six mascarons dissimulant des tuyaux d’écoulement.
A proximité, sur la placette, se trouvait un vénérable platane, planté sous la Révolution en tant qu’ « arbre de la Liberté » du village. Mais ses racines menaçaient les fondations de la fontaine : on a dû l’arracher dans les années 1960, après 170 années de bons et loyaux services en matière d’ombrage…
Félix Gras
Le Félibrige (en langue d’oc : lou Felibrige selon la norme mistralienne) est une association déclarée selon la loi du 1er juillet 1901, qui œuvre dans un but de sauvegarde et de promotion de la langue provençale, de la culture et de tout ce qui constitue l’identité des pays de langue d’oc. Son siège social est au Museon Arlaten (Palais du Félibrige, Arles).
Le Félibrige a été fondé au château de Font-Ségugne (Châteauneuf-de-Gadagne, Vaucluse), le 21 mai 1854, jour de la sainte Estelle, par sept jeunes poètes provençaux : Frédéric Mistral, Joseph Roumanille, Théodore Aubanel, Jean Brunet, Paul Giéra, Anselme Mathieu et Alphonse Tavan. Ensemble, ils entendaient restaurer la langue provençale et en codifier l’orthographe.
Les félibres majoraux (felibre majourau) nommés depuis à la tête du mouvement, au nombre de 50, sont élus à vie par cooptation et détenteurs d’une cigale d’or, qui se transmet à leur mort comme un fauteuil d’académie. Chaque cigale porte un nom symbolique référent à une région, à une ville, à un fleuve ou à une valeur félibréenne. Les félibres majoraux composent le consistoire qui est le gardien de la philosophie de l’association.
Le Félibrige est présidé par le capoulié qui est obligatoirement un des cinquante félibres majoraux. Jacques Mouttet est l’actuel capoulié du Félibrige, XIVe successeur de Frédéric Mistral à la tête du mouvement, après Joseph Roumanille, Félix Gras, Pierre Devoluy, etc.
FELIX GRAS (1844-1901), 3ème capoulié du Félibrige, originaire de Malemort.
Félix Gras né à Malemort-du-Comtat le 3 mai 1844 et décédé à Avignon le 4 mars 1901, juriste et poète de langue provençale, fut le 3ème Capoulié du Félibrige à la suite de son beau-frère Joseph Roumanille.
Il découvrit la poésie à travers Homère et Mirèio (Mireille) paru en 1859, il assista aux triomphes des félibres de la première génération (cf ci-dessus) et décida de suivre leurs traces. Cette voie lui fut facilitée par le mariage de sa sœur, en 1863, la félibresse Rose-Anaïs (1841-1920) avec Joseph Roumanille qui s’étaient connus aux « Jeux Floraux » d’Apt. Son talent et son enthousiasme conquirent immédiatement Frédéric Mistral.
Il profita de la célébration du premier centenaire de la Révolution pour balayer les ultimes tentatives de dénigrements de celle-ci y compris chez les félibres tenants de la restauration monarchique – dont Frédéric Mistral. Ce qui lui valut de faire, en 1891, le discours d’inauguration du Monument du centenaire du rattachement d’Avignon à la France, en 1890 en présence de Sadi Carnot, président de la République. Puis, un an plus tard, alors qu’il venait d’être nommé Capoulié du Félibrige, de prononcer un fervent discours républicain à Carpentras, à partir de quoi il fut surnommé le « Félibre rouge« .
Il se consacra dès lors à son œuvre majeure, Li Rouge dóu Miejour (Les « Rouges du Midi »), qui lui valut une réputation nationale et internationale. Publiée d’abord en feuilleton dans la journal Le Temps, son épopée révolutionnaire parue conjointement à New York et en Angleterre où elle fit l’admiration du premier ministre Gladstone en 1896. Traduit ensuite en suédois, son ouvrage fut publié en 1900 en français par l’éditeur de Victor Hugo. À côté du succès de librairie qu’elle provoqua, cette édition lui valut les foudres de Charles Maurras et les réserves de Frédéric Mistral qui dénonça « un carnaval et un bourbier politicien extraordinaires ».
Le roman relate en une vaste fresque historique les mauvais traitements endurés par les paysans de Malemort du fait de l’aristocratie locale, la montée du « bataillon des Marseillais » et des Provençaux à Paris pour aller défendre la Révolution en chantant la Marseillaise, puis la période de la « Terreur » et de la « Terreur blanche »(1792-1794) et les suites (1er Empire jusqu’à Waterloo).
Le poète décéda en 1901 et sur sa tombe à Malemort, il avait voulu que fut gravé :
« Ame moun vilage mai que toun vilage, ame ma Prouvènço mai que ta prouvinço, ame la Franço mai que tout. » (j’aime mon village plus que ton village, j’aime ma Provence plus que ta province, j’aime la France plus que tout).